Jean-Marc Demiautte
J’ai 56 ans, J’ai une fille de 23 ans qui a déjà pris son envol. Je vis dans une petite commune rurale du Pas-de-Calais. Dans ma Jeunesse, j’ai été scout, puis chef scout. J’ai beaucoup campé dans la région, j’ai appris à respecter la nature avant d’essayer de la comprendre.
J’ai été professeur de construction mécanique, fais fonction d’ingénieur dans différentes industries, été chef d’entreprise dans la fabrication de maisons en bois.
Actuellement je suis de nouveau enseignant en construction mécanique et dernièrement, j’ai créé une petite entreprise ou je conçois et fabrique des petites machines « low tech » pour les paysans boulangers.
J’ai toujours été intéressé par les systèmes, le fonctionnement des objets, le pourquoi des choses…
Mécanique au début, puis électrique, puis informatique. En prenant de l’âge, j’ai commencé à regarder autour de moi, les humains, la société, le monde, toujours avec cette approche : Comment fonctionne ce système ?
En 2014, j’ai quitté mon confortable emploi de cadre. J’ai pris 3 années sabbatiques, réduit mes revenus, réduit mon niveau de vie, réduit mes envies. J’en avais besoin, je commençais à comprendre que le système « humain et terre » ne fonctionnait pas bien, sans pouvoir être plus précis sur ce sujet.
Durant ces années de repli, des livres, des vidéos, des articles de presse, des films, des conférences d’universitaires m’ont aidé à comprendre que l’espèce humaine en demande trop à la Terre et à toute forme de vie sur terre, et que cela ne peut pas durer. Matériellement, techniquement, physiquement, mathématiquement, non, ça ne va pas durer !
Le système va s’effondrer, c’est pour moi une certitude.
Le sursaut de conscience global à l’échelle de la planète n’aura pas lieu, et il est, de toute façon, trop tard. Les scientifiques ont compris les choses lorsque j’avais 5 ans, en 1972 avec le rapport Meadows. Depuis, rien ou quasi rien n’a été fait.
La vie trouve toujours un chemin. Mais s’il ne reste que des méduses dans les océans et que des bactéries sur terre, après le passage de notre espèce, quel échec ! Quel gâchis ! Quelle honte pour nous ! 4.5 milliards d’années d’évolution pour en arriver à un primate stupide qui organise un suicide collectif en détruisant tout ce qu’il y a de beau et de vivant autour de lui.
Les plus optimistes diraient : « Ce n’est pas la fin du monde, c’est notre monde complexe qui va se décomplexifier ». Reste à savoir jusqu’où cette dé-complexification va nous mener ? A quelle vitesse ? Et avec quelle violence ?
Face à ce tsunami, il y a milles stratégies possibles, des plus folles aux plus résignées, celle qui me semble la plus pertinente, celle qui est à notre portée, est de mettre en place, collectivement, une résilience locale en gardant une vision globale de nos actions. Agir dans ma commune en gardant des liens avec le monde. Tant qu’il y a du monde.